Extrait des Appels pour la Vie – André Fischer.
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« Elle s’est fait désirer ces temps-ci la montagne, avec son abondance de neige et ses vertigineuses possibilités de glisse !
Et elle a fait parler d’elle avec ses accidents sans nombre, et ses avalanches dévastatrices et meurtrières !
Il a fallu prendre des mesures pour protéger l’homme contre ses propres imprudences. Et c’est là qu’a surgi un gros obstacle : le prétendu droit de chacun à l’imprudence! Un droit qui rend difficile toute conception d’une réglementation et illusoire toute observation des prescriptions !
En attendant, le danger de la montagne persiste et l’avidité de jouissance continue à générer le désordre et le malheur.
Néanmoins, il reste dans bien des cœurs le vif espoir d’une attitude autre envers la montagne ! Espoir, car de son côté la montagne, ce relief marqué à la surface du globe, joue correctement son rôle dans la vie de la planète. Ses plissements renforcent la rigidité et la solidité de la croûte terrestre, ses niveaux d’altitude avivent les vents de l’atmosphère et provoquent la gigantesque dynamique des eaux, condition de vie des plantes, des animaux et aussi de l’homme.
Mais l’homme, de son côté, joue-t-il également son rôle en faveur de l’existence de la vie ? Doué du merveilleux pouvoir de la pensée, n’a-t-il pas à apporter une nouvelle dimension à la vie de ce corps cosmique ?
Ce n’est pas là une question gratuite, mais sensée ! Si aujourd’hui on s’évertue à doter la montagne d’une multitude de lieux de plaisir, il fut un temps où l’homme y a installé des refuges pour la protection et la culture des valeurs humaines. Avant les hôtels, il y eut dans la montagne des monastères et nombreux sont les sommets couronnés d’un lieu de réflexion. Voyez en France le Mont St Michel, la Grande Chartreuse, les Trois-Épis, le Mont Ste Odile et bien d’autres.
Elle tient à quoi, cette prédilection des penseurs pour les hauts lieux ?
Ne serait-ce pas le fait que la montagne, par son relief même, est un éloquent symbole ? Le symbole de ce que devrait être l’homme qui, dans l’échelle du vivant, est lui aussi un sommet ? Ne seraient-ce pas l’éminence de l’humain et l’aspiration à la hauteur et à la plénitude de la vie qui orientèrent jadis — et aujourd’hui encore — des hommes à retrouver dans la montagne l’image et l’écho de l’élévation ? Et l’élévation n’apparaît-elle pas dans le sentiment et dans une pensée tant soit peu logique et naturelle, comme la vraie destinée de l’homme ?
Silencieuse très souvent, la montagne permet l’écoute des enrichissantes voix intérieures.
Dynamisante, la proximité des sommets porte à rechercher les éminentes valeurs de droiture, de fraternité, de solidarité.
Ouverte, baignant dans les vastes horizons, la montagne invite l’homme à élargir ses vues et à changer ses dimensions dans le sens de l’élévation promotrice.
Belle par ses lignes, ses couleurs, ses lumières, la majesté de ses massifs, la montagne appelle l’homme à réaliser en lui l’ultime beauté de la pureté, soit le noble dépassement de soi-même et le noble service de ce qui est plus grand que lui.
Voilà qui peut expliquer pourquoi les hommes d’antan ont vu dans la montagne un lieu d’élévation !
Et l’homme d’aujourd’hui ?.. Il est certain que s’il retrouve le respect de la montagne, les réglementations des autorités seront autrement observées et suivies.
Il est certain aussi que si on aide aujourd’hui l’homme, avec cœur et intelligence à redécouvrir l’élévation dans et par la montagne, sa vie sera plus riche, plus heureuse et davantage orientée vers ce qui est générateur d’union et de progrès !
Dès lors, les œuvres de l’homme, plutôt que de continuer à détruire la vie de la planète deviendront des sommets lumineux et fertilisants, œuvres de paix, de fraternité et de vénération quotidienne de la grandeur mystérieuse, mais réelle de
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